🔊La maison Lumiere en péril à Châteaudun ?

Quand on pousse la porte de la société dunoise, c'est comme remonter le temps. Depuis 1864 cette société savante est « la mémoire vivante de Châteaudun (Eure-et-Loir) ». D'utilité publique (1878), elle a l'ambition d’empêcher la dispersion, voire la destruction de très nombreux objets archéologiques, d’en assurer la sauvegarde et la mise en valeur. 160 ans d'existence sans encombre. Didier Caffot, son président est pourtant aujourd'hui très inquiet.

« C'est dommage qu'on laisse de côté ce patrimoine, vivant et occupé. Plus on laisse un bâtiment sans entretien, plus c'est douloureux, quand il faut entreprendre les travaux. »

Il ouvre les volets qui donnent sur un jardinet. Face à lui, le château de Châteaudun. « Réellement, on ne peut pas rêver mieux comme cadre de travail. » Une vue dont jouit la société dunoise depuis 1952 date de son entrée dans l'ancien chartrier des chanoines de la sainte-chapelle du château. La maison a été offerte à la ville en stipulant que l'association y soit logée à titre gracieux.

Dans sa bibliothèque des milliers d'ouvrages et d'archives. Un véritable trésor à protéger insiste le président. « On a deux collections quasi complètes de journaux anciens qui débutent en 1839 et qui vont jusqu'en 1939. Je crois qu'il nous manque qu'une année pour le Patriote de Châteaudun. Ce sont des trésors qui ont besoin d'être soignés, choyés. Il ne faut pas en faire fi. »

Toiture sinistrée, crépis en lambeaux, façade fissurée

Ce cadre d'études est aujourd'hui menacé. Malgré de nombreuses alertes verbales puis écrites aux différentes municipalités qui se sont succédées, aucun crédit suffisant pour entreprendre les travaux nécessaires à la sauvegarde du bâtiment n'ont été fléchés. Didier Caffot nous emmène au grenier.

« Quand il y a de fortes pluies, comme tout va à vau l'eau, comme rien ne tient. De nombreuses tuiles sont manquantes. Un jour, en travaillant à l'ordinateur, j'ai entendu un bruit près de mon clavier, c'était des gouttes d'eau qui tombaient du grenier dans la salle de lecture à l'étage inférieur. »

En décembre, les élus se rendent enfin sur place. Toiture sinistrée (un petit à gauche de l'édifice principal avait été repris en 2007), crépis en lambeaux (une façade, celle de l'entrée côté cloître st-Roch a été refaite en 1999), façade fissurée dont le témoin placé en 2016 a cédé, impossible de ne pas voir que l'édifice inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1947 doit être rénové. Le maire, Fabien Verdier, prévient alors l'association. « Il nous dit que la ville n'avait pas les moyens financiers pour les travaux et qu'elle avait d'autres priorités. Il nous invite à trouver un autre local et déménager sous peine de prendre un arrêté de péril d'ici deux à trois ans. » Un électrochoc pour les deux cents adhérents. « Pour aller où, il faudrait un bâtiment équivalent, mais la ville n'en a pas. Je ferais tout pour que la société dunoise reste entre ses murs » fait la promesse Didier Caffot.

600 000 euros de travaux au total

Pour conserver un toit au-dessus de sa tête, la société dunoise fait chiffrer les travaux pour réhabiliter la toiture en tuile. Le devis affiche 98 000 euros. « Même avec toute notre bonne volonté, notre association n'a pas le pouvoir budgétaire pour ces travaux qui sont considérables. » 600 000 euros au total seraient à débourser pour entreprendre une remise en œuvre globale. Un courrier a été adressé à la Direction des Affaires culturelles de la Région Centre Val de Loire, de sorte que la ville de Châteaudun puisse agir et demander par constitution de dossiers, les aides nécessaires.

Cette lettre a aussi été rédigée à l'intention de Stéphane Bern, qui réside non loin de Châteaudun, dans le collège royal de Thiron-Gardais, afin d'intégrer rapidement la Mission Patrimoine, dont les dix-huit sites emblématiques 2025 viennent d'être dévoilés. La société Dunoise rêve aussi d'un mécénat des grandes entreprises du secteur pour sauver ce patrimoine local.

L'association tiendra son assemblée générale ce samedi 22 mars 2025 à 15h à la Salle Saint-André à Châteaudun. Un exposé de Sébastien Pré, universitaire, ayant récemment soutenu un master II en Histoire autour de Florent d’Illiers et la famille d’Illiers au XVème siècle sera notamment donné.