Accident de car scolaire : une lycéenne décède

Un accident impliquant un car des transports Rémi s'est produit jeudi 30 janvier, peu avant 8h00, près de la rocade de Châteaudun au niveau du rond-point d'Orléans. Le car s'est retrouvé couché sur la voie à hauteur de Jallans sur la D927, la route qui mène vers Varize. Une quarantaine de pompiers ont été mobilisés et un poste médical avancé à été déployé à proximité de l'accident, sur la caserne du CISM, pour prendre en charge les victimes avec le SAMU, indiquait la préfecture d'Eure-et-Loir, jeudi matin.

Le bilan définitif de l'accident fait état d'une élève de 15 ans décédée et 24 élèves en urgence relative, dont deux ont été hospitalisés surle CH dunois. Une cellule d'urgence médico-psychologique a été activée par le SAMU, en soutien des victimes et de leurs proches, sur le centre mixte d'incendie et de secours de Châteaudun.

Le recteur de l'académie d'Orléans-Tours, le président de la région Centre-Val de Loire ainsi que le ministre des Transports, Philippe Tabarot, se sont déplacés ce jeudi dans le Dunois, auprès des services mobilisés, des victimes et de leurs proches, ainsi que de la cité scolaire, où été scolarisée Joana.

Âgée de 15 ans, elle était en classe de seconde au lycée Émile Zola. Dès le jeudi soir, les hommages ont commencé se manifester, avec une première rose blanche déposée sur le perron de l'établissement. Le lendemain, un autel pour déposer des fleurs et des mots à destination de Joana a été installé dans le hall de l'établissement.

Où en est l'enquête ?

Dès le jeudi 30 janvier, le procureur de la République de Chartres a indiqué que le conducteur du car, un homme âgé de 26 ans et inconnu de la justice, a été placé en garde à vue. Auditionné, il aurait déclaré « avoir croisé un véhicule circulant trop proche de la ligne séparatrice, avoir voulu l'éviter et s'être retrouvé dans le fossé. » Le conducteur a été contrôlé positif aux stupéfiants après un test salivaire. Test confirmé au lendemain de l'accident dramatique après une analyse sanguine positive à la résine de cannabis, avec un « seuil dépassant les 0,5 nanogrammes » a précisé le Parquet de Chartres. Si le gardé à vue réfute la consommation de stupéfiants et affirme ne pas avoir consommé depuis le mois de décembre dernier et explique la présence de cette substances car sa compagne consomme régulièrement, le Parquet assure que la quantité relevée ne peut pas correspondre à une consommation passive.

Les services de la DREAL (Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) ont également été saisis pour procéder aux constatations techniques, en l'occurrence sur les ceintures de sécurité, et ce afin de vérifier que celles-ci fonctionnaient bien lors du trajet et si elles étaient utilisés. Un contrôle également des éléments techniques du bus, comme le chronotachygraphe pour mesurer la vitesse à laquelle allé le bus, vont être menés.

L’examen externe du corps de Joana, l’adolescente tuée dans l’accident, a permis de conclure que c’est un traumatisme crânien qui a causé sa mort. Aussi, aucune autopsie n'a été demandée, ni réalisée.

Les auditions des témoins se poursuivaient le vendredi 31 janvier, dont celle du conducteur d'un véhicule qui se situait derrière le bus, équipé d'une caméra, et qui pourrait déterminer les conditions de l'accident. Selon les premières investigations, le croisement du bus avec un véhicule tiers ne serait pas confirmé par l'analyse de cette caméra.

Un juge d'instruction a été saisi par le Parquet de Chartres, pour « homicide involontaire » et « blessures involontaires »,des faits aggravés par la conduite sous produits stupéfiants. Le chauffeur de bus encourt une peine maximale de 7 ans d'emprisonnement. Si les réquisitions du procureur ont été retenues, le magistrat instructeur a rejeté la demande de détention provisoire. La mise en examen du conducteur s’accompagne donc d’un contrôle judiciaire strict avec interdiction de paraître dans le département d’Eure-et-Loir, interdiction de quitter le territoire métropolitain, une obligation « de se présenter une fois pas semaine au commissariat de police » ou encore obligation de suivre mensuellement un parcours de soins psychologiques en addictologie.

Dans un communiqué diffusé dans la soirée du lundi 3 février, le procureur de la République deChartres indique avoir « décidé d’interjeter appel de l’ordonnance de refus de saisine du juge des libertés et de la détention rendue vendredi par le juge d’instruction...  La qualité particulière du mis en examen, c’est-à-dire, sa fonction de conducteur d’un moyen de transport collectif dédié à de jeunes enfants, justifie une exigence particulière des conditions dans lesquelles ce conducteur est amené à prendre le volant. La conduite, dans des conditions irréprochables, doit être à la hauteur de la confiance que les parents placent en lui, pour la sécurité de leurs enfants. Tels seront, avec d’autres, les arguments développés devant les juges d’appel. »

Hommages et visite ministérielle

À la suite de l'accident de car scolaire survenu jeudi 30 janvier à Jallans, la cellule d'urgence médico-psychologique départementale a été activée. Déployée sur place à Châteaudun jeudi matin, les professionnels de la cellule d'urgence restent disponibles dans les prochaines semaines pour les victimes, les impliqués et leurs proches qui en éprouvent le besoin. Il leur faut pour cela appeler le 15 et demandé à être mis en contact avec la CUMP. Une cellule d'écoute départementale a par ailleurs été mise en place par les services de l'Education nationale dans les établissements scolaires concernés.

Une marche blanche a eu lieu hier après-midi à Orgères-en-Beauce, commune où été domiciliée la victime de l'accident de car. Environ 400 personnes ont répondu à l'appel en mémoire de Joana, 15 ans. Un rassemblement qui s'est fait en silence, où chacun pouvait déposer une rose et se recueillir dans le jardin public.

En déplacement à Châteaudun, Élisabeth Borne a voulu montrer son « soutien » aux élèves et aux personnels du lycée Émile Zola où était scolarisée Joana. Un soutien plus généralement adressé aux élèves des quatre établissements dunois concernés par l'accident de car, à leur proche et à la communauté éducative. La ministre de l'Éducation nationale a aussi demandé plus de vigilance envers les chauffeurs de cars dans tous les rectorats de France et a rappelé que « la priorité est la sécurité des élèves », que ce soit dans les établissements scolaires ou dans les transports pour s’y rendre.