Un tiers des maires ruraux seraient épuisés. Selon une étude réalisée par l'université de Montpellier en partenariat avec l'association des maires ruraux de France, « 31,4% d'entre eux font face à un début d'épuisement ». Plus grave, plus de 3% des maires sont en situation « d'épuisement sévère », fatigués par le poids de la tâche.
La santé mentale des maires en alerte. « 31,4% font face à un début d'épuisement », selon l'analyse de deux chercheurs de l'observatoire Amarock et du laboratoire Entreprendre de l'université de Montpellier (Hérault). 2.220 maires (sur 34.893 en France) ont répondu aux deux collectes de données au premier semestre 2024 pour réaliser ce baromètre inédit afin de « mesure pour prévenir le burn-out des maires et se soucier de leur bien-être » écrivent les auteurs, les professeurs Olivier Torres et Mathieu Le Moal. Plus grave, « 3,48 % d’entre eux sont en situation d’épuisement sévère » constatent ces chercheurs, soit environ 1 200 maires. Une donnée préoccupante mais proche de ce que l’Observatoire Amarok a pu observer par le passé au sujet de l’épuisement des dirigeants de PME. « L'épuisement laisse apparaître un quinté supérieur constitué d’un sentiment de déception, de fatigue, d’impuissance, d’un mauvais sommeil et du sentiment de lassitude (j’en ai marre) » précisent les auteurs.
John Billard, maire du Favril, pointe la complexité et la lourdeur administratives. L'élu milite pour rompre avec l'isolement de certains maires ruraux. Il est au coeur de Grand Format de la rédaction.
Victime du burn-out des élus, Victor Provot a démissionné de ses fonctions au début de l'année à Thiron-Gardais. Pour celui qui a dirigé son village pendant seize ans, la charge mentale était devenue trop forte. Ecoutez son témoignage.
Lueur d'espoir dans cette étude : 69,3% des maires affichent une satisfaction en tant qu'élu. Une surprise alors « qu'on pourrait s'attendre à une insatisfaction plus marquée au vu des débats publics et des défis auxquels les élus sont confrontés », note le baromètre. C'est l'accomplissement de projets qui rend plus heureux, ces élus de communes de moins de 10.000 habitants. « L'aboutissement de la réalisation d'un projet, même si ça a été long, même s'il a fallu se battre pour obtenir les choses, c'est vraiment le moment crucial de notre travail de mandat » confirme John Billard. Les cérémonies ou célébrations et de la bonne coopération avec l'équipe municipale sont aussi des bouffées d’oxygène pour les élus.
Dans un futur proche, l'association des maires ruraux de France et l'observatoire Amarok vont mettre en place de manière opérationnelle un dispositif de santé mentale pour tous les maires « avec un système de dépistage du risque de burn-out ». « En préservant les maires, la République se protège elle-même. Une République mature est une République qui protège ceux qui la servent » conclut l'étude.
