EURE-ET-LOIR - Les épidémies au XIXe siècle

L'année 2020 restera dans l'histoire, comme le retour d'une épidémie. Retour, car dans le passé, les épidémies étaient bien présentes et faisaient des ravages. Pas de coronavirus, mais le choléra ou la fièvre typhoïde. Quelques exemples en Eure-et-Loir au XIXe siècle.

Le choléra

En 1832, une pandémie de choléra touche la France. En avril un bulletin sanitaire fait état des 7 premiers décès en Eure-et-Loir (2 à Alluyes, 1 à Courville, Pontgouin, Gallardon, Ymeray, et Saint-Avit). Au 26 juin, 131 morts dont 64 dans l'arrondissement de Chartres et 15 dans celui de Châteaudun) et l'on compte 247 malades. Les données de début août 1832 font état de 387 décès (227 dans l'arrondissement de Chartres, 93 dans celui de Dreux, 48 dans celui de Châteaudun et 19 dans celui de Nogent-le-Rotrou).

Une nouvelle épidémie de choléra se produisit en 1849. Des cas ont été signalés notamment à Chartres et à Nogent-le-Rotrou, mais aussi à Janville et Saint-Pellerin. Dans cette dernière la peur s'est installé après 6 décès en 5 jours. Dans un bilan établi en août, le Journal de Chartres annonçait 534 décès dont 106 à Nogent-le-Rotrou, 70 décès à Chartres, 43 à Courville, 33 à Thivars et à Janville, 31 à Mérouville, 28 à Saint-Piat. Un premier bilan car l'épidémie sévissait toujours.

En 1865, le choléra fera son retour et en particulier à Conie-Molitard, l'épidémie a été apportée par une nourrice vendue de Paris et « s'est développée sous l'influence d'un sol assez marécageux ». 12 décès dans la petite commune sont recensés au 2 novembre, provoquant la panique. L'une des victimes fut le curé qui avait converti le presbytère en infirmerie. « Aucun habitant n'a suivi la dépouille » lors de ses funérailles, nous apprend un journal de l'époque.

Mystérieuse épidémie à Brou

À Brou, en 1862, une épidémie « qui a jeté un instant l'effroi dans la contrée » semble provenir d'un établissement de volailles. Sur 80 malades frappés, 14 ont succombé.

Fièvre typhoïde

En 1866, c'est la fièvre typhoïde qui touche la ville de Châteaudun. Le 3 juillet, le Journal des débats, indique dans ses colonnes « il y a eu 920 cas sur une population de 5000 âmes, presque un malade sur 5 habitants ».

En 1879, le village de Langey, touché par la typhoïde. Un rapport d'un conseil général indique que sur les 738 habitants, 30 ont été malades, 4 femmes et 2 enfants sont morts. L'épidémie est attribuée « aux eaux croupissantes dans lesquelles se déversaient les purins des fumiers d'une ferme ».

Terminons ces exemples d'épidémie du XIXe siècle, recueillies dans la presse de l'époque par une maladie épidémique à Dammarie en juin 1840. Le Journal de Chartres fait état de nombreuses victimes, surtout parmi les enfants. « Ils sont d'abord atteints d'un mal de gorge, la petite rougeole se déclare ensuite, leur corps se décompose et devient tout noir, et en moins de 24 heures ces malheureux succombent ».

Le choléra à Conie - Le Journal des débats politiques et littéraires, 1er novembre 1865

Le choléra règne depuis une dizaine de jours dans la petite commune de Conie, à huit kilomètres d'ici. L'épidémie a été apportée par une nourrice venue de Paris, et s'est développée sous l'influence d'un sol assez marécageux.

Douze décès cholériques ont été constatés jusqu'à présent ; parmi les victimes, il faut malheureusement compter le curé, M. l'abbé Habert, qui, dès les premiers cas, avait converti résolûment le presbytère en infirmerie. La panique est telle dans cette commune, fort peu peuplée, que le charron du pays a seul porté en terre les premiers morts.

Lui-même s'étant trouvé indisposé, on n'a pu trouver dans toute la commune un porteur pour une femme décédées des jours derniers. Un de ses proches, venu d'une commune voisine, a dû charger le cadavre sur ses épaules, pour assurer sa sépulture. Ayant voulu entrer ensuite dans un cabaret pour se réconforter un peu, il s'en est vu écarter à coup de pierre.

Pour M. l'abbé Habert, mort le dernier, à notre connaissance, on a dû amener un porteur de Châteaudun, et on nous assure, -nous hésitons à le croire, pour l'honneur de l'humanité- qu'aucun habitant de la commune n'a suivi sa dépouille. Le courage civil et l'ignorance n'habitent pas ensemble.

Du reste, à part la commune que je vous signale, l'état sanitaire de Châteaudun et de ses environs est excellent.

 

Épidémie à Brou - Journal de Chartres, 19 octobre 1862

L'épidémie qui a régné à Brou et qui a jeté un instant l'effroi dans la contrée est arrivée heureusement à sa fin. Sur 80 malades qui ont été frappées, 14 ont succombé.

On a cru d'abord que la cause du fléau était due à l'existence de tanneries ; mais c'est dans la partie de la ville éloignée de ces sortes d'établissements que l'épidémie a éclaté. Le médecin des épidémies, l'honorable M. Raimbert, docteur médecin à Châteaudun s'est transporté sur les lieux, et il paraît constant aujourd'hui que la véritable cause du mal serait l'existence d'un grand établissement de volailles, denrée dont il se fait à Brou un commerce considérable. La très grande agglomération de ces animaux dans un espace trop restreint avait littéralement vicié et empoisonné l'air du quartier dans lequel l'épidémie s'est presque entièrement concentrée. Un fait aussi grave est un avertissement qui appellera l'attention de l'administration sur ce nouveau genre d'établissement insalubre. 

Fièvre typhoïde - Journal des débats politique et littéraire, 3 juillet 1866.

On nous écrit de Châteaudun que cette ville a été éprouvée depuis quelques semaines par une véritable épidémie, la fièvre typhoïde. La maladie a maintenant perdu beaucoup de son intensité, sans avoir toutefois complètement disparu. Il y a eu 920 cas sur une population de 5000 âmes, presque 1 malade sur 5 habitants.

Épidémie de typhoïde - Rapport du Conseil Général.

Une épidémie de fièvre typhoïde a sévi en 1879 dans la commune de Langey qui compte une population de 738 habitants. Elle est attribuée aux eaux croupissantes dans lesquelles se déversaient les purins des fumiers d'une ferme. Sur 30 personnes atteintes de l'épidémie 4 femmes et 2 enfants sont morts.

L'application par le maire de Langey des mesures sanitaires conseillées par le Dr Raimbert, médecin des épidémies, a fait disparaître tout foyer d'infection.

Épidemie à Dammarie - Journal de Chartres, juin 1840

Une maladie qui règne depuis un mois dans la commune de Dammarie et des hameaux environnants, et que l'on peut considérer comme épidémique, a déjà fait de nombreuses victimes, surtout parmi les enfants. Ils sont d''abord atteints d'un mal de gorge, la petite rougeole se déclare ensuite, leur corps se décompose et devient tout noir, et ne moins de 24 heures ces malheureux succombent. 

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